

Deep in the shadow (2018)
Installation de Philippe Beau et Clément Debailleul - La Gaité lyrique, Capitaine futur
Dans cette étrange grotte, l’obscurité est source de création. On y pénètre par l’ombre, qui nous tend sa main. Ensuite on glisse une oreille pour percevoir le crépitement du feu, les sons de la nature. L’oeil s’ajuste à la lueur d’un feu factice, supernaturel, matrice lumineuse et hypnotique, qui invite à la contemplation. L’illusion visuelle et sonore convoque la mémoire archaïque et fantasmatique de cette grotte première, refuge de notre imaginaire et lieu de naissance de la fiction.
Étrangement, ce décor artificiel provoque en nous des résonances immémoriales et authentiques. Quelle est l’importance du réel dans nos expériences ? Notre imaginaire est magique, il se nourrit de vrai, de faux, et de notre besoin de croire.

#3D, Ombres en relief et Tenségrité (2019)
Installation de Philippe Beau, avec la collaboration de Margot Hackel et Antoine Meissonnier - Friche la Belle de Mai
L’installation #3D interroge notre perception du réel et de l’illusion en utilisant les propriétés du relief. L’objet « Tenségrité »* conçu par Margot Hackel est éclairé à partir d’un procédé inventé et développé par Philippe Beau en 2004 qui permet d’obtenir des ombres en relief.
Cet objet, modélisé grâce aux principes de la tenségrité, suscite en nous une fascination en évoquant une sensation magique de lévitation. Eclairé, il projette des ombres abstraites aléatoires, colorées, d’un graphisme saisissant.
Lorsque l’observateur s’équipe de lunettes spécifiques (lunettes 3D anaglyphes), c’est l’ombre à son tour qui se modélise tandis que l’objet réel perd sa magie initiale. L’ombre en 3D devient alors le langage même de la magie : s’illusionner soi-même à partir d’images qui ne sont que mensonges mais que le cerveau interprète comme la réalité.
La magie se connecte au relief et le relief rejoint la magie.
L’ombre 3D devient alors plus réel que le réel.
*La tenségrité caractérise la faculté d’une structure à se stabiliser par le jeu des forces de tension et de compression qui s’y répartissent et s’y équilibrent.